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Zab's Books
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23 septembre 2013

Rien n'est trop beau

JAFFE, Rona. Rien n'est trop beau. Le Livre de Poche. 672 pages. 7,90 €

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Début des années 50. Fraîchement sortie de l'université et aussi fraîchement rembarrée par son fiancé, Caroline Bender, la petite vingtaine, décide d'aller tenter sa chance dans la Grosse Pomme. Elle trouve un emploi de secrétaire dans une maison d'édition, gravit rapidement quelques échelons, non sans lutter contre la concurrence, les préjugés machistes (aux niveaux professionnel et familial). Elle croise la route de Mary Agnes, qui ne travaille qu'en attendant de se marier; Barbara, jeune divorcée qui vit seule avec sa mère et son bébé; April, jeune provinciale venue à New York afin d'y devenir chanteuse; Gregg, actrice de théâtre accro à un metteur en scène à la mode.

Malgré le plafond de verre et les inégalités salariales qui règnent encore dans les années 2000, réjouissons-nous (nous les femmes qui travaillons, voire les femmes tout court) tout de même de ne plus être dans les années 50. Et encore, ce roman se situe à New York, un endroit dont on pourrait croire que les mentalités y sont plus évoluées qu'ailleurs (plus que dans une ville de province française à la même époque, en tout cas). En ce temps-là, point de salut pour les femmes en dehors du mariage, sacro-sainte institution, sésame pour une vie accomplie. Mais la précocité des engagements (à 24 ans, si une femme n'était pas mariée avec marmaille, c'était louche) ne semble pas assurer le bonheur pour autant. D'où divorces précoces, infidélités et autres joyeusetés. Le travail ne sert qu'à financer une partie des noces et à trouver de quoi s'occuper en attendant de pouponner et le retour de Marichou le soir. Sous des dehors de relative liberté et d'autonomie, les femmes de ce livre sont complètement sous la dépendance du sexe fort (les personnages de Gregg et d'April sont particulièrement accros, au point de ne même pas se rendre compte de la cruauté des hommes à leur égard et d'y laisser une partie d'elle-même, voire tout). Même Caroline, qui semble avoir un peu plus de jugeote que les autres, se laissera à un moment piéger.

Néanmoins, elles luttent. Pour être reconnues professionnellement, pour trouver une place dans une société hiérarchisée, pour être autre chose que de simples potiches, pour être féminines sans pour autant être dans la séduction, juste pour elles. En cela, Caroline, Barbara et les autres sont les grandes soeurs de Peggy et Joan de "Mad Men" (le roman y fait furieusement penser) et les mères de Carrie et Miranda de "Sex and the City".

Un très bon moment de lecture, un livre au ton juste, qui parle de femmes sans être girly.

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