Terrienne

MOURLEVAT, Jean-Claude. Terrienne. Gallimard jeunesse

La soeur aînée de Anne, Gabrielle, va se marier. Pourtant, Anne lui a fait part de ses doutes concernant son fiancé, qu'elle trouve étrange. Et Gabrielle disparaît dès le lendemain de ses noces. Aucune nouvelle pendant un an. Quand, un jour, en écoutant la radio, Anne entend la voix de sa soeur qui la supplie de venir la délivrer. Et Anne va découvrir la vérité en se rendant à Campagne, une ville dans un monde parallèle où les gens ne respirent pas, ne ressentent pas d'émotion. Un monde où les dirigeants, fascinés par ce qu'ils ne sont pas, enlèvent des Terriennes afin de concevoir avec elles des hybrides. Des Terriennes comme Gabrielle, avec son envoûtante chevelure rousse...

On ne peut que reconnaître le talent de Jean-Claude Mourlevat à créer des mondes proches du nôtre tout en étant radicalement différents. C'était le cas dans "Le combat d'hiver", ça l'est encore dans "Terrienne". Cette civilisation où les gens ne respirent pas (et donc ni ne rient, ne chantent, ne pleurent...) et ne ressentent aucune émotion est tout bonnement effrayant et nous rappelle ces mondes créés pour des grands films de SF, comme "L'âge de cristal", "Soleil vert" ou surtout "THX 1138". L'amour n'existe pas, les couples sont formés selon des critères purement objectifs, ils ne font pas d'enfant de manière naturelle... Seuls les dirigeants peuvent "s'accoupler" (il n'y a pas d'autre mot) avec des Terriennes qu'ils enlèvent, fascinés qu'ils sont par leur côté "animal". Cet aspect a évoqué pour moi les Lebensborn, ces endroits où de jeunes et fringants nazis engrossaient des Aryennes parfaites afin de créer la future race parfaite du Reich. Dans cette noirceur, l'histoire d'amour d'Anne avec Bran, un hybride, est une vraie bouffée d'air pur.

Un très bon roman, qui se lit facilement, passionnant (on a du mal à le lâcher).

Pour les ados de 13 à 15/16 ans.