Comptines assassines

DUBOIS, Pierre. Comptines assassines. Gallimard (collection Folio). 427 pages. 7,70€

Dans ce recueil d'histoires cruelles, le fameux auteur des Encyclopédies des elfes, des fées, des lutins revisitent les contes de fées et autres légendes. Le Chat botté devient un tueur en série fasciné par les infirmes. Sherlock Holmes, dévoré par l'ennui, quitte le domaine du rationnel. Un petit village abritant tous les personnages de contes de fées semble un vrai havre de paix pour ceux qui s'y arrêtent... mais quand vient la nuit... Barbe-Bleue joue avec les nerfs des jeunes filles. Les personnages inventés par Lewis Carroll se défendent contre les promoteurs qui s'attaquent à leur territoire.

Pierre Dubois nous délivre ici la suite de Contes de crimes (que je ne vais pas tarder à me procurer, je pense), dans laquelle il réinvente des histoires qui déjà à la base ne sont pas très tendres. Il y raconte les pires horreurs avec un vocabulaire fleuri, fantasmagorique, digne des ouvrages de Perrault, Grimm, voire Nodier. Le lecteur cotoiera en effet dans ces récits la noirceur la plus sombre cohabitant avec une légéreté de style, un lexique ensorcelant et précieux. Ces histoires ne sont certes pas pour les âmes sensibles, mais nous rappellent qu'au départ, les contes de fées n'étaient pas écrits/racontés pour bercer les petits enfants, mais bien pour exorciser leurs peurs les plus profondes. Une mention spéciale pour la dernière nouvelle et sa critique de l'expansion forcenée et matérialiste de l'Homme, qui tue nature et imaginaire.