Les trois vies d'Antoine Anacharsis

COUSSEAU, Alex. Les trois vies d'Antoine Anacharsis. Le Rouergue (collection DoAdo). 329 pages. 15,70 €

Antoine naît une première fois en 1831. Ses parents, originaires d'une petite île près de Madagascar, sont capturés pour être vendus comme esclaves. Mais le bateau fait naufrage en pleine mer alors que la mère d'Antoine accouche. Un an plus tard, le bébé est recueilli, littéralement pêché, par un médecin anglais qui a trouvé refuge à Antigua, lassé de la civilisation et de ses maux. Docteur Blind apprend à Antoine à lire, à compter, à connaître les secrets médicinaux des plantes, mais il lui inculque surtout une philosophie de la vie. Le médecin est très intrigué par le médaillon que porte Antoine autour du cou, car le bijou renferme un cryptogramme qui pourrait révéler l'existence de son trésor (Antoine se souvient d'ailleurs que sa mère lui en parlait beaucoup quand il était dans son ventre). Or, un écrivain vient de connaître un grand succès avec sa dernière histoire, récit du décodage d'un cryptogramme : Edgar Allan Poe avec Le scarabée d'or. Les deux compagnons décident de partir à la rencontre de l'auteur. Et j'arrête là, sinon je raconte tout le livre...

Ce roman est un pur chef-d'oeuvre. L'auteur renoue avec les grands romans d'aventure du XIXe siècle et leurs caractéristiques (exotisme, tragique, voyages, trésor, personnages hors du commun, quête de soi), grâce à une écriture poétique, limpide ou tourmentée comme les flots sur lesquels voyagent les personnages, voire onirique à certains endroits (la grossesse et la naissance d'Antoine). Roman d'aventures, donc, avec moult péripéties, mais aussi roman initiatique qui peut répondre à des questions métaphysiques du genre "Quel est le véritable trésor de notre vie ?", "Dans quel but vivons-nous ?", "Le bonheur n'est-il pas à portée de main ?", mais sans mièvrerie. Si je devais résumer, disons que Les trois vies d'Antoine Anacharsis serait un croisement entre L'île au trésor et L'odyssée de Pi avec des touches de Jack London et de Jim Harrison.

A recommander aux 14 et plus, voire aux adultes.