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Zab's Books
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20 avril 2013

Je, François Villon

TEULE, Jean. Je, François Villon. Pocket. 432 pages. 7,60 €

je françois villon jean teulé

 

On sait peu de choses de la vie de celui qui est pourtant considéré comme le plus grand poète du Moyen Age. Lui, François Villon. Il serait né le jour de la mort de Jeanne d'Arc, devenu orphelin très jeune à cause de la (in)justice rendue à l'époque, élevé par un bon abbé. Devenu étudiant, il aurait plutôt prisé les tavernes, les bordels et les bagarres de rue que les bancs de la Sorbonne ou la robe de bure qui signifiait son état. On le sait amoureux de la belle Isabelle de Bruyère, qu'il abandonna aux mains et autres organes des Coquillards, une bande de malfrats qu'il voulait à tout prix intégrer (la virginité et la réputation de sa belle fut une des conditions de son intégration) afin d'étudier son langage particulier. Il fréquente la cour du roi René, celle de Charles d'Orléans, sans grand enthousiasme, redevient bandit de grand chemin, se fait arrêter et torturer par celui-là même qui exécuta sa mère. Relâché, revenu à Paris, puis à nouveau condamné, il est grâcié, mais banni de la capitale. Oncques ne le revit. Il avait 32 ans.

Il fallait bien la truculence et le lyrisme de Jean Teulé pour retracer le parcours épique (et le fantasmer) de Villon, mi-poète, mi-brigand. Teulé nous plonge à ce point dans la France du Moyen Age qu'on hume les déjections des rues, la puanteur des corps, qu'on voit les condamnés et leur triste sort, qu'on goûte le vin âcre des tavernes, les terrines peu ragoûtantes du sieur Rogis, qu'on ressent la douleur de François lors des séances de torture et le souffrance de  ceux qu'il tue. Et quelle gouaille dans la langue, quelle douceur aussi. Le lecteur (re)découvre la somptuosité de notre ancienne langue, grâce à la publication des ballades en "vo", ainsi que la personnalité de ce diable d'homme, tantôt attachant, tantôt méprisable. Car là réside la force de Jean Teulé, il ne nous épargne rien. Ni la beauté des campagnes françaises, ni l'horreur d'un corps bouilli dans un chaudron. Ni l'humour paillard de Villon et de ses camarades, ni les plaisanteries plus que douteuses d'un aveugle et de son cochon. Et on n'a qu'une seule envie une fois ce livre terminé : replonger dans les Lagarde & Michard de notre jeunesse !

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