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Zab's Books
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3 avril 2013

Fleur de tonnerre

TEULE, Jean. Fleur de tonnerre. Julliard. 282 pages. 20 €

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Partout où elle passe, hommes, femmes et enfants trépassent.

Avec ses gâteaux ou sa fameuse soupe, le fil de la vie elle coupe.

La première fut sa mère, qui l'appelait "Fleur de tonnerre".

Une fois son coeur fut amoureux pour un veuf nommé Matthieu.

Sans égard, sans compassion, elle exécute sa mission.

Car elle est l'assistante de l'Anko, la terrible Hélène Jégado.

 

Bretagne, début du XIXe siècle. Dans cette région encore embrumée par les croyances ancestrales, la jeune Hélène est nourrie aux récits de mort et de malédiction distillés par sa mère. La petite est élevée dans la crainte, mais aussi la fascination de l'Ankou, la Mort dans sa charrette ("Wik, wik"). Très tôt, pour apprivoiser la peur qui vibre en elle, Hélène tue. Tous, n'importe qui. Elle s'en fout. Même de sa propre mort...

Un seul mot : REMARQUABLE, FORMIDABLE, GENIALISSIME, etc... Oui, je sais, ça fait au moins trois ! Mais c'est le moins que je puisse dire sur ce magnifique roman ! Encore une fois, Jean Teulé nous embarque avec lui, sur les traces d'un personnage hors du commun, une Marie Besnard du XIXe siècle, froide, glaçante, et pourtant... qu'il arrive à la rendre attachante, ce diable de bonne femme ! Quel style, quel lyrisme, quelle truculence, quel humour !!! Eh oui, de l'humour, malgré un sujet aussi terrifiant (Hélène qui se croit suivie par la charrette de l'Ankou, mais qui se rend compte que c'est elle qui grince). Les expressions les plus sublimes ("les notes ont un rhume", "sa croupe de guitare éclate en mélodies", "des larmes pâles aux reflets irisés ruissellent à des commissures féminines") se joignent à d'autres, plus triviales ("portes trop dégueulantes de frises, de moulures dorées à la con"). Parce qu'elle est là, la force de Jean Teulé : mêler le style d'une époque avec du vocabulaire contemporain, mettre de la farce dans le tragique. Notamment avec les personnages des deux Normands qui suivent Hélène sans le savoir, deviennent bretons à la folie, mélange improbable de Bouvard & Pécuchet et Laurel & Hardy.

C'est grand, c'est beau, c'est fort, c'est Jean Teulé ! Ce gars, de toute façon, je l'adore... la preuve ;-)

jt

 

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