Sans la télé

GUERAUD, Guillaume. Sans la télé. Le Rouergue (collection DoAdo). 101 pages. 9,70€

En ce début des années 80, le jeune Guillaume passe pour un extra-terrestre aux yeux de ses camarades : il n'a pas la télé. Pour lui, Goldorak, Laura Ingalls ou J.R. sont de parfaits inconnus. Par contre, ce qu'il connaît, lui, c'est la magie du grand écran. Films anciens ("Les temps modernes", "M le Maudit"...) ou plus récents ("Scarface", "Rusty James"...), il les dévore, les absorbe, les fait siens. Alors que d'autres s'abrutissent devant des images trop petites, Guillaume découvre l'énormité de la vie et de ses émotions dans les salles obscures.

Pour moi qui n'ai que deux ans de plus que Guillaume Guéraud, ce livre est une vraie madeleine de Proust, même si je n'ai visiblement pas eu la même enfance (je n'habitais pas dans une cité, j'avais mes deux parents, qui n'étaient pas du tout communistes). Cependant, les souvenirs qu'il évoque ont parfois ressemblé aux miens. L'entrée dans la salle de cinéma (à l'époque, aller voir un film était une vraie sortie), les lumières qui s'éteignent, les images et le son, plus intenses que ceux de la télé, les personnes qui m'accompagnaient (mon grand-père, ma soeur et sa bande de potes plus âgés), les luttes (vaines) pour aller voir des films soi-disant pas de mon âge (j'étais en plus une brave fifille, je ne trichais pas en changeant de salle), les contacts charnels avec le bras du voisin...

Une belle époque où pop-corn et Coca n'avaient pas encore envahi les multiplexes, qui n'existaient pas d'ailleurs; où les films n'étaient pas encore des produits de consommation comme les autres, où ils pouvaient être formateurs, libérateurs, nourriciers... Bref, autres temps, autres moeurs, ma pauv' dame.

A partir de 15/16 ans... till the bitter end...